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7 mai 2023

Pionnier de la restauration des tourbières en tant que pilier de la gestion responsable : L'histoire de l'industrie canadienne de la tourbe horticole

Écritpar :
Géographe, M. ATDR
Gestionnaire des affaires et des communications de la CSPMA pour les tourbières

Été 1992. Bottes en caoutchouc. Des bottes de paille. Des piles de mousses humides et hachées. Un groupe de producteurs de tourbe, de chercheurs et d'étudiants en sable discutant, examinant des plantes à la loupe ou étalant délicatement de fines couches de mousse sur de petites parcelles de tourbe sombre et nue. Cette image étrange décrit les premières étapes de ce qui deviendra plus tard un pilier central des engagements de gestion responsable de l'industrie canadienne de la tourbe horticole : le développement d'une méthode de restauration des sites d'extraction de tourbe.

Il y a trente ans, avant que les changements climatiques et les politiques relatives aux gaz à effet de serre ne figurent au premier rang des préoccupations des citoyens et des gouvernements, l'Association canadienne de la tourbe de sphaigne (ACTS) et ses membres ont commencé à collaborer avec le Groupe de recherche sur l'écologie des tourbières de l'Université Laval, des organismes gouvernementaux fédéraux et provinciaux et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) afin de trouver des options d'utilisation après l'extraction de la tourbe. L'objectif : mettre au point une méthode de restauration réalisable sur le plan opérationnel et écologiquement rationnelle pour rétablir les fonctions de l'écosystème : biodiversité, hydrologie et piégeage du carbone. Depuis lors, le programme de recherche a connu plusieurs cycles, impliquant des chercheurs multidisciplinaires de diverses universités canadiennes et même internationales, qui ont conduit au développement de la technique de transfert de la couche de mousse, une méthode aujourd'hui appliquée dans le monde entier et inspirant d'autres industries. 

Les tourbières : Un écosystème qui n'est plus sous-estimé

Selon l'évaluation mondiale des tourbières (GPA ; PNUE 2022), les tourbières couvrent 119 millions d'hectares au Canada, ce qui représente environ 13 % du pays et 25 % de la surface mondiale des tourbières. Plus de 97 % des tourbières d'Amérique du Nord sont encore relativement intactes et fournissent des services écologiques essentiels aux humains. Pourtant, elles sont récemment devenues l'exemple ultime d'écosystèmes sous-estimés et ont subi l'impact des activités anthropogéniques. Le rapport du GPA indique qu'au Canada, ces perturbations sont imputables à l'agriculture (63 %), à l'exploitation minière (18 %), aux réservoirs hydroélectriques (12 %), à la sylviculture (3 %) et à l'extraction de la tourbe (1 %). Bien que l'impact de l'industrie canadienne de la tourbe horticole soit faible en comparaison, elle a été pionnière dans l'application d'une solution pour atténuer ce phénomène. Et vous l'avez deviné : par la restauration écologique des tourbières.

Par nature, l'industrie horticole canadienne de la tourbe n'opère pas sur de vastes étendues, mais extrait la tourbe sur des parcelles relativement petites jusqu'à ce que l'extraction d'une partie du gisement de tourbe soit terminée. Comme le souligne l'AMP, l'industrie a un impact relativement limité sur les écosystèmes des tourbières du Canada. L'empreinte de l'industrie - la superficie totale de toutes les surfaces de tourbières extraites depuis le début des opérations industrielles au début des années 1930 - équivaut à 0,03 % de toutes les tourbières du Canada. À ce jour, 26 % de cette surface a été restaurée ou remise en état. Le reste est soit en production (61 %), soit en cours de restauration (10 %), soit converti à d'autres types d'utilisation des terres (comme l'agriculture ; 3 %) (CSPMA2021).

Aujourd'hui, la restauration des tourbières est incluse dans les réglementations strictes des gouvernements canadiens (fédéral et provinciaux/territoriaux) qui supervisent toutes les étapes du développement, de l'exploitation et de l'utilisation des sites d'extraction de tourbe. Cependant, il reste encore quelques sites anciens qui ont été fermés sans avoir fait l'objet d'un processus de restauration. Pour y remédier, la CSPMA s'est engagée en 2016 dans une initiative nationale de restauration des tourbières, qui fixe des objectifs de restauration ambitieux pour les sites ayant fait l'objet d'une extraction. En outre, la CSPMA a obtenu un financement en 2022 pour un projet quinquennal à grande échelle de 6,7 millions de dollars en collaboration avec Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) par l'intermédiaire du Fonds de solutions climatiques Nature Smart : Programme d'actions ciblées. Ce soutien permettra à l'industrie de s'attaquer aux tourbières "historiques" restantes, fermées sans restauration.

Certification mondiale = responsabilité et résultats mesurables

Environ 80 % de la production canadienne de tourbe est certifiée par le SCS Global Veriflora® Certification for Responsible Horticultural Peat Moss Production (Certification SCS Global Veriflora® pour une production responsable de tourbe horticole). Cette certification est un programme indépendant qui atteste que la tourbe est extraite de tourbières gérées de manière écologiquement et socialement responsable, conformément à des exigences qui vont plus loin que de nombreuses exigences réglementaires émanant des différents niveaux de gouvernement au Canada. Pour l'industrie de la tourbe, la certification est une autre incitation à appliquer les meilleures pratiques de gestion (PGB) et à promouvoir des outils innovants tels qu'un calculateur de gaz à effet de serre pour les producteurs de tourbe certifiés. 

Une base scientifique et de recherche solide

L'industrie canadienne de la tourbe horticole collabore depuis des décennies avec la communauté des chercheurs universitaires. Depuis 1992, la CSPMA a rendu possible des projets de recherche d'une valeur de 20 millions de dollars qui éclairent ses engagements et ses actions en matière de gestion responsable. Si la restauration est un pilier central de la CSPMA, l'industrie de la tourbe a également développé un ensemble de bonnes pratiques de gestion que les entreprises acceptent et appliquent pour s'autoréguler et garantir le respect de pratiques responsables et durables. Ces pratiques comprennent d'autres types de remise en état lorsque la restauration n'est pas possible (par exemple, la production de baies), la culture de sphaigne, des outils pour améliorer la qualité de l'eau et la surveillance, des évaluations du cycle de vie et des gaz à effet de serre, la valorisation des résidus industriels, la gestion des incendies de forêt, etc. La production de guides de restauration des tourbières, disponibles en téléchargement, et les ateliers de transfert technologique permettent de s'assurer que les connaissances développées par les chercheurs et l'industrie ne servent pas seulement leurs propres objectifs, mais contribuent à la gestion responsable et à la restauration écologique des tourbières à l'échelle mondiale.

Références

UNEP.2022. Global Peatlands Assessment –The State of the World’s Peatlands: Evidence for action toward the conservation, restoration, and sustainable management of peatlands. Main Report. Global Peatlands Initiative. United Nations Environment Programme, Nairobi.

CSPMA.2021. Peatland Areas Managed for Horticultural Peat Extraction in Canada, in 2021.

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